Jésus une personne et deux natures

« Avant Abraham Je Suis »

La double nature du Christ : un mystère

Depuis ses tous débuts, dans sa prière comme dans ses professions de foi, l’Église a toujours confessé la double nature de Jésus de Nazareth. Elle a toujours affirmé que l’on ne peut se dire chrétien si l’on ne professe pas cette vérité :

 « Le Christ est vrai Dieu et vrai homme ».

Un mystère souvent attaqué, dans le passé…

Pourtant il lui a fallu se battre sans cesse pour maintenir le mystère de la double nature de Celui qui, homme à part entière, appelle aussi Dieu son « Père ».

En effet, au cours des siècles, il y a toujours eu des chrétiens pour réduire ou mettre en doute tantôt la divinité du Christ, tantôt son humanité, ce qui a donné naissance à de multiples hérésies, à chaque fois combattues par un Concile.

La crise la plus terrible fut, au 4ème siècle, celle de l’arianisme, qui faisait du Christ une simple créature de Dieu et niait ainsi sa divinité.

La réponse de l’Église fut sans appel. Le concile tenu à Nicée en 325 affirme l’unité divine du Père et du Fils. Il exprime leur « consubstantialité » dans

le « Symbole de Nicée ».

Un peu plus tard en 451, le concile de Chalcédoine est sur ce point d’une importance capitale. Il confesse que « Jésus est vraiment homme et vraiment Dieu…. . Un seul et même en deux natures… sans confusion sans changement, sans division et sans séparation ».

… et encore de nos jours

Or cette erreur de l’arianisme, qui porte atteinte à la divinité du Christ, n’est pas morte. Elle est la grande tentation de notre époque et connaît de multiples variantes.

  • Il y a ceux qui réduisent la personne du Christ en voulant faire une distinction entre le « Jésus de la foi » et « celui de l’histoire ».

(Le « Jésus de la foi » ne serait qu’une construction mentale des premiers chrétiens, élaborée « a posteriori », à partir de leurs souvenirs enjolivés, et le « Jésus de l’histoire », personnage historiquement connu).

  • Ceux qui, fascinés par le culte de l’homme, font du christianisme une religion où l’humain absorbe tout.
  • D’autres, uniquement sensibles au « personnage » de Jésus, ont du christianisme une conception sentimentale sans aucune réflexion doctrinale, ce qui les conduit insensiblement à prendre leurs distances avec le corps ecclésial, le Credo et même l’Incarnation.

C’est pourquoi le Temps de Noël doit être l’occasion de réaffirmer à la suite de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant  » (Mt 16,16). Tout ce que l’Eglise affirme sur la double nature du Christ, elle le tient des Écritures, notamment des Évangiles et des Épîtres de Saint Paul (Ph 2, 6), ce que nous allons voir maintenant.

1 – Sa nature divine transparaît tout au long des textes

Ceux qui le suivent voient d’abord en Lui un personnage hors du commun, puis un envoyé de Dieu (Jn 4, 34), le Messie attendu. Peu à peu ils découvrent que de Lui émane la puissance divine.

Ses pouvoirs sont surnaturels

Il commande aux éléments qui lui obéissent (Lc 8, 24-25 )

Il effectue de nombreuses guérisons

Il nourrit la foule en multipliant les pains (Mc 6, 30-44)

Il réveille les morts (Mc 5, 35-43 ).

Mais surtout Il pardonne, pouvoir qui n’appartient qu’à Dieu (Mc 2, 7)

Il se présente comme Maître du Temple, du Sabbat et de la Loi qu’il n’hésite pas à compléter.

Il se révèle maître de l’avenir, en annonçant à Pierre son reniement, et Judas sa trahison, et en décrivant sa mort et en annonçant en termes mystérieux sa Résurrection, enfin en parlant de la fin du monde et de l’avenir de l’Église.

Il fait connaître le Seigneur Dieu et révèle que s’Il est Unique, Il n’est pas solitaire, mais qu’Il est Père, Fils et Saint Esprit (Jean 16). Il révèle également que, s’Il est le Souverain Maître de toute chose, Il possède aussi un amour immense et une miséricorde sans limites.

Assez rapidement, les disciples constatent que le Christ est « chez lui » dans le mystère divin et que, à l’inverse de Moïse, la sainteté et la justice de Dieu ne l’accablent pas.

Bien au contraire, Il parle à Dieu comme à Son Père et vit en parfaite intimité avec Lui. Il lui donne beaucoup de temps et toujours dans la discrétion. Il l’appelle Abba et demande à ses disciples d’en faire autant.

Il s’est occupé très tôt des affaires de son Père (Lc 2, 39).

Il agit en son Nom et pareillement à Lui (Jn 5, 12-47).

Cette intimité est la manifestation d’un amour réciproque qui apparaît dans toute sa force

sur la Croix.

La filiation divine de Jésus est confirmée à deux reprises par Dieu Lui ?même : lors du Baptême par Jean-Baptiste et lors de la Transfiguration.

Mais il faut attendre la Résurrection pour que les yeux des Apôtres s’ouvrent totalement et qu’ils affirment que Jésus est le Fils de Dieu et Dieu Lui-même, ce que, pourtant, Celui ?ci leur avait répété à plusieurs reprises (Jn 10, 25).

Les derniers mots de la reconnaissance de Jésus de Nazareth comme Dieu appartiennent au centurion romain qui, voyant ce qui se passe autour du Corps Crucifié s’exclame :

« Vraiment cet homme était le Fils de Dieu » (Mt 27, 54)

Ils appartiennent aussi à Thomas qui ne peut rien dire d’autre que « Mon Seigneur et mon Dieu  » (Jn 20, 27).

Mais c’est seulement après la Pentecôte, que les disciples auront le courage d’affirmer bien haut toutes ces choses… au mépris du martyre.

2 – Son humanité est, elle aussi, bien réelle

Son existence historique est vérifiable.

  • Il apparaît à une époque connue : 750 ans après la fondation de Rome, alors qu’Auguste fait procéder au recensement de son empire ; au temps de Tite ?Live et de Sénèque, peu après Virgile, un peu avant Tacite.
  • Il naît à Bethléem en Judée, au sein d’un peuple connu, sous le règne d’Hérode ler, surnommé le Grand ou le Cruel.
  • Son enfance se passe à Nazareth dans la discrétion, puis on le voit prêcher sur les routes de Palestine.
  • Il meurt crucifié à Jérusalem, sous le procurateur Ponce ?Pilate, pendant le règne de l’empereur Tibère. Il est enseveli et mis dans un tombeau.

Il est vraiment un homme.

  • On le connaît comme le fils du charpentier.
  • Il a une forte personnalité qui dit et fait ce qu’elle pense.
  • Il est attentif aux détails de la vie quotidienne (Mc 12, 4] et pose des questions bien concrètes

(Mc 6, 8 et Jn 13, 34 ).

  • Il n’apparaît jamais comme un surhomme,

mais ressent la fatigue et la soif (Jn 4, 6 ), la tristesse (Luc 19, 41).

Il a une vie sociale indéniable

  • Il partage sa vie avec ses amis et chemine avec eux à travers les villages de Galilée (Mc 8,27 ).
  • Il aime les fêtes de familles et les invitations (Lc 7, 3).
  • Les enfants viennent à lui avec joie (Mc 10, 13-16).
  • Il s’intéresse à tout le monde et se moque du qu’en dira ?t ?on (Lc 7, 37 et 19, 1-10).

Les plus grandes épreuves ne lui sont pas épargnées :

  • Il connaît l’incompréhension, la séparation, la solitude et la mort.

L’humanité de Jésus-Christ est donc bien « palpable », ce que résume Gaudium et Spes :

« Le Fils de Dieu a travaillé avec des mains d’homme. Il a pensé avec une intelligence d’homme. Il a agi avec une volonté d’homme, et aimé avec un cœur d’homme.

Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché. (GS 22, 2).

L’Incarnation du Fils de Dieu est un événement unique et tout à fait singulier. Son mystère est celui de Dieu fait homme, un homme comme les autres. Il est le mystère de l’unité de deux natures…

Et, comme devant tous les mystères divins, on ne peut que contempler, admirer et aimer.

3 – Ce qu’en dit le Catéchisme

L’Incarnation : reprenant l’expression de saint Jean : Le Verbe s’est fait chair » (Jn 1, 14), l’Eglise appelle Incarnation le fait que le Fils de Dieu ait assumé une nature humaine pour accomplir en elle notre salut. (…) :

Ayez entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus : Lui, qui était de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui L’égalait à Dieu. Mais Il s’anéantit Lui-même, prenant la condition d’esclave et se faisant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la Croix ! (Ph 2, 5-8)

L’épître aux Hébreux parle du même mystère :

En entrant dans le monde, le Christ dit : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m’a façonné un corps. Tu n’as agréé ni holocauste ni sacrifices pour les péchés. Alors j’ai dit : voici, je viens (…) pour faire ta volonté (Heb 10, 5-7, citant Ps 40, 7-9)

La foi en l’Incarnation véritable du Fils de Dieu est le signe distinctif de la foi chrétienne :

A ceci reconnaissez l’esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu.(1 Jn 4, 2).

Telle est la joyeuse conviction de l’Eglise dès son commencement, lorsqu’elle chante le grand mystère de la piété : Il a été manifesté dans la chair. (1 Tm 3, 16) (CEC 461 à 463)

Vrai Dieu et vrai homme.

L’événement unique et tout à fait singulier de l’Incarnation du Fils de Dieu ne signifie pas que Jésus-Christ soit en partie Dieu et en partie homme, ni le résultat du mélange confus entre le divin et l’humain. Il s’est fait vraiment homme en restant vraiment Dieu. Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme. Cette vérité de foi, l’Eglise a dû la défendre et la clarifier au cours des premiers siècles face à des hérésies qui la falsifiaient. (CEC 464)

Les paragraphes suivants du Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC) – § 464 à 469 – détaillent les différentes hérésies qui n’ont pas tardé à surgir pour falsifier cette vérité de foi ,et comment elles ont été réfutées par les Conciles et les Pères de l’Eglise. Si cette question vous intéresse,

vous devez vous y reporter.

4 – Deux citations fondamentales

4ème Concile œcuménique à Chalcédoine ? en 451 (Cité dans CEC 467)

…. Un seul et même Christ, Seigneur, Fils Unique, que nous devons reconnaître en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation.

La différence des natures n’est nullement supprimée par leur union, mais plutôt les propriétés de chacune sont sauvegardées et réunies en une seule personne…

Épître aux Philippiens 2, 6 (déjà cité dans CEC 461)

Lui, qui était de condition divine,

ne retint pas jalousement le rang qui L’égalait à Dieu.

Mais Il s’anéantit Lui-même,

prenant la condition d’esclave et se faisant semblable aux hommes.

S’étant comporté comme un homme,

il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort,

et la mort sur la Croix ! Aussi Dieu L’a-t-il exalté

et Lui a-t-il donné le nom qui est au dessus de tout nom. 

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